De la même façon que l'on peut visualiser la droite
projective sur le corps
des nombres réels comme un cercle, la droite projective sur le corps
Qp des nombres p-adiques se
réalise naturellement comme l'ensemble des "bouts" d'un arbre
uniforme de valence p+1. Un bout est simplement un classe
d'équivalence de chemins partant d'un sommet donné et
allant vers l'infini sans rebrousser chemin ; deux tels chemins sont
équivalents s'ils coïncident à un nombre fini
d'arêtes près. Cette "réalisation" des
nombres p-adiques ne permet pas de lire la structure de corps. En
revanche, la topologie de Qp peut
se voir de façon arboricole. On obtient en effet les
éléments d'une base d'ouverts en associant à
chaque arête orientée l'ensemble des bouts
associés aux chemins infinis partant de cette arête
dans la direction indiquée.
Une partie de mes travaux consiste à utiliser ce genre de
réalisations des nombres p-adiques pour étudier les
représentations linéaires complexes des groupes
réductifs p-adiques. On part du point de vue que ces
représentations devraient être supportées par des
objets discrets, comme des arbres (ou plus généralement
des immeubles de Bruhat-Tits). On s'aperçoit assez rapidement
que ce plan d'attaque ne peut être que limité par rapport
aux outils bien plus puissants que donne la géométrie
algébrique (espaces rigides analytiques, variétés
de Shimura). En particulier cette approche ne fait pas
apparaître les propriétés arithmétiques
prévues par Langlands. D'un autre côté je pense
que ce point de vue, bien qu'élémentaire, n'a pas
été poussé assez loin.
Paul Broussous,
Département de Mathématiques, SP2MI,
Boulevard Marie et Pierre Curie, Téléport 2,
BP 30179, F-86962 Futuroscope-Chasseneuil cedex
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